On a du boulot

"Ainsi s'achève cette belle aventure", comme le dit zestonus dans un commentaire au post précédent. Eh oui, ceci est notre dernier post sur ce blog. Philippe Grangereau, le correspondant de Libération à Washington, ne souhaite pas le poursuivre sous sa forme actuelle. Il réfléchit à quelque chose de différent qui, j'espère, verra bientôt le jour.

Pour Fabrice Rousselot et Pascal Riché qui ont lancé ce blog, puis pour moi qui ai pris le relais de Fabrice avant de me retrouver seul à bord, cette aventure fut déterminante. Elle nous donna le goût d'un journalisme différent que nous allons désormais cultiver. Fabrice va continuer de s'occuper des activités Internet de Libé, il va prochainement ouvrir un nouveau blog, pas vu d'Amérique, mais d'un peu partout. Pascal et moi commençons à travailler au projet de site que nous allons lancer avec Pierre Haski.

Profitons de ces adieux pour saluer une naissance, celle du site French Morning, fondé par Emmanuel Saint-Martin, un ancien du Point installé à New York depuis plusieurs années. Il montre qu'on peut être un journaliste de presse écrite et en même temps mener à bien un projet sur l'Internet et devenir un chef d'entreprise. Ce site s'adresse à tous les francophones installés aux Etats-Unis, pour les informer et les aider dans leur vie quotidienne.

Pascal et Fabrice se joignent à moi pour remercier tous ceux qui se sont mis avec nous "à l'heure américaine". Merci à ceux qui ont commenté nos posts, qui ont débattu avec nous, qui nous ont appris des choses, qui nous ont encouragés ou critiqués. Merci aussi à ceux, nombreux, qui m'ont envoyé des courriers électroniques ces derniers jours, suite au post précédent, pour nous souffler leurs idées ou leurs désirs pour un nouveau type d'information et nous pousser dans cette direction. Je vous écrirai prochainement pour vous tenir au courant de nos nouvelles aventures.

PS de P.R.: Bravo Laurent pour avoir prolongé avec talent ce blog! Dépêche toi de rentrer, maintenant, on a du boulot. Bonjour à tous tes lecteurs.

Posted by Laurent Mauriac on janvier 30, 2007 at 04:02 AM | Permalink | Commentaires (120) | TrackBack (0)

Une nouvelle aventure

Depuis quinze ans que je me passionne pour le journalisme et pour l'Internet, je savais que je participerais tôt ou tard à un projet qui mêlerait les deux. Restait à choisir le bon moment. Il me semble que c'est là, maintenant. On a passé la phase de sur-engouement pour l'Internet, puis celle de l'excès inverse. Un nouveau journalisme est en train de s'inventer. Nous sommes quelques-uns à Libération à l'avoir expérimenté en tenant des blogs. Et nous avons compris comment cet outil permettait de tisser une relation de confiance avec les lecteurs et d'attirer un public plus jeune qui ne se retrouve plus dans la presse écrite. En outre, le marché publicitaire est en train de gagner, lentement mais sûrement, le Web, levant une partie des incertitudes sur la possibilité de rentabiliser un site gratuit.

Mon enthousiasme a rejoint celui de Pascal Riché, avec qui j'ai longtemps partagé ce blog, celui de Pierre Haski, dont certains d'entre vous avaient suivi le blog de Pékin. Les employés du journal avaient jusqu'à lundi la possibilité de se porter candidats à un plan de départ. Pour tous les trois, la décision de quitter Libé pour lancer notre projet fut difficile. Je vous laisse lire ce que Pascal et Pierre en ont dit (ainsi qu'Emmanuel Parody et Gilles Bruno).

Déjà, l'un de vous s'inquiète dans un commentaire. Que va devenir ce blog? J'ai proposé à Philippe Grangereau, le correspondant de Libé à Washington, de le reprendre. J'espère qu'il acceptera.

Très vite, Pierre Haski, Pascal Riché et moi allons ouvrir un nouveau blog sur notre projet et tenter de vous embarquer dans notre nouvelle aventure. A très bientôt!

PS: Tous ceux qui veulent être tenus au courant ou nous dire de quel site d'information ils rêvent peuvent m'envoyer leur adresse e-mail à: lmauriac[retirer cet antispam]@gmail.com.

Add 26/1: Philippe Grangereau m'a fait part de son souhait de ne pas reprendre ce blog.

Posted by Laurent Mauriac on janvier 25, 2007 at 06:03 AM | Permalink | Commentaires (57) | TrackBack (0)

Hillary candidate depuis son canapé

Hillary_1 C'est le week-end, Hillary Clinton nous reçoit chez elle. A voir la fenêtre ouvrant sur un jardin, peut-être s'agit-il de sa maison de campagne. Assise sur son canapé, elle nous annonce sa candidature à la présidentielle de 2008. Elle dit ne pas vouloir démarrer une campagne mais une "conversation" avec nous, derrière nos ordinateurs. Aux Etats-Unis, les candidats ne se posent plus guère de questions sur la manière de se déclarer et sur le rôle qu'ils entendent faire jouer à l'Internet. (En France, on le sait, il en va un peu autrement.) Voici quelques semaines, John Edwards, retransmis sur YouTube, était allé plus loin en mêlant annonce de candidature et appel à la mobilisation depuis la Nouvelle Orléans, debout devant un chantier de reconstruction.

Pourquoi l'Internet? Hillary répond: je ne peux pas aller "chez chacun d'entre vous", mais avec "un peu d'aide des technologies modernes", nous pouvons engager "une conversation entre nos idées et les miennes". Elle annonce des tchats vidéo sur son site dès lundi. Cette première manifestation ne déroge pourtant pas à son habitude: une prestation ultra contrôlée et totalement dénuée de spontanéité, que la tenture du coussin, vraiment moche, la lampe allumée dans le fond ou les photos de famille sur la table ne parviennent pas à corriger.

Lire la suite "Hillary candidate depuis son canapé"

Posted by Laurent Mauriac on janvier 20, 2007 at 11:11 AM | Permalink | Commentaires (32) | TrackBack (0)

La "grandiloquence stérile" de Sarkozy

SarkozySévère aux Etats-Unis, accommodant en France, Nicolas Sarkozy tient des deux côtés de l'Atlantique des jugements à géométrie variable sur la manière dont la France a réagi à l'intervention américaine en Irak. Qu'on se rappelle le voyage du futur candidat à New York et Washington en septembre dernier. Il n'avait guère ménagé ses critiques vis-à-vis de son pays: "Je reconnais que la France n’est pas exempte de reproches: bien qu’il me semble que nos désaccords aient souvent été légitimes, il y a différentes façons de les exprimer. Il n’est pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l’embarras, ou de donner l’impression de se réjouir de leurs difficultés. J’ai toujours préféré l’efficacité dans la modestie plutôt qu’une grandiloquence stérile. Et je ne veux pas d'une France arrogante et pas assez présente."

Certains (j'en faisais partie) avaient alors trouvé pour le moins étrange, et peu "convenable", de critiquer ainsi la politique étrangère de la France vis-à-vis d'un autre pays sur le sol dudit pays. Mais, en France, le propos diffère (dimanche, lors de son premier discours de candidat officiel): "Je veux être le Président d’une France qui s’adresse à l’Amérique comme un peuple libre à un autre peuple libre qui se comprennent et qui se respectent. Je veux être le Président d’une France qui ne transigera jamais sur son indépendance ni sur ses valeurs. Je veux rendre hommage à Jacques Chirac, qui a fait honneur à la France quand il s’est opposé à la guerre en Irak, qui était une faute." On aurait aimé entendre de tels propos aux Etats-Unis, mais Bush aurait-il alors reçu leur auteur?

Posted by Laurent Mauriac on janvier 15, 2007 at 08:03 PM | Permalink | Commentaires (73) | TrackBack (0)

Petites touches de social

Palette Quelques bonnes nouvelles en ce moment sur le front social:
- Arnold Schwarzenegger propose l'assurance maladie pour tous en Californie, sur le modèle du Massachusetts (les plus pauvres sont aidés par l'Etat).
- Le Congrès s'apprête à voter le relèvement du salaire minimum au niveau fédéral de 5,15 dollars à 7,25 dollars, le premier depuis 1997.
- Nancy Pelosi, la nouvelle "speaker" (présidente) de la Chambre des représentants a estimé dimanche sur CBS qu'abroger les coupes d'impôt "pour ceux qui gagnent un certain montant, 500000 dollars par an, est sans doute plus important pour le peuple américain qu'ignorer les besoins d'éducation ou de santé des enfants".

Il ne faut pas s'emballer; les Etats-Unis ne sont pas en train de changer de politique économique. Une réforme de fond de l'assurance santé n'est pas encore annoncée au niveau fédéral. La hausse du salaire minimum est en grande partie un rattrapage compte tenu de l'inflation depuis dix ans. Et le parti démocrate cherche avant tout à lutter contre l'image "tax and spend" que lui accolent ses adversaires. Il n'empêche, on peut se réjouir de ces quelques petites touches de social.

Posted by Laurent Mauriac on janvier 8, 2007 at 11:21 PM | Permalink | Commentaires (61) | TrackBack (0)

Quel hiver? (2)

Snowglobe Ah! Le fameux hiver new-yorkais qui affole les Français. Le vent glaçant qui s'engouffre dans les rues, la neige qui s'accumule...
Le 4 février 2006, le New York Times avait publié une photo d'étudiants courant torse-nu sur le pont de Brooklyn (et j'avais alors rédigé un post intitulé "quel hiver?"). Ce matin, la photo de une montre une mère en manches courtes poussant son fils de trois ans sur une balançoire. Il est prévu aujourd'hui que le thermomètre grimpe jusqu'à 22 degrés (oui, 22 degrés celsius) à New York. Il n'a toujours pas neigé et c'est la première fois depuis 1878 que la ville n'a vu aucun flocon jusqu'à un 6 janvier. Les cafés ouvrent leurs jardins sans prendre la peine d'installer des radiateurs. Hier soir, à Brooklyn, la serveuse portait un simple T-shirt. Les touristes sont ravis. Les New-Yorkais se posent des questions. Certains s'inquiètent, et pas seulement pour les ours polaires.
NB: le temps et la température changent très vite à New York. Il ne serait pas étonnant que ce post se retrouve très vite pétrifié par une vague de froid et enseveli sous la neige.

Posted by Laurent Mauriac on janvier 6, 2007 at 10:39 AM | Permalink | Commentaires (16) | TrackBack (0)

La Maison Blanche de glace sur le réchauffement climatique

Bear Les associations écologiques espèrent que les ours polaires vont obliger la Maison Blanche à changer sa politique sur le réchauffement climatique. A contre-coeur, le gouvernement américain vient en effet de proposer leur inscription sur la liste des espèces menacées. Le secrétaire à l’intérieur, Dirk Kempthorne, s'est dit «inquiet que leur habitat puisse littéralement être en train de fondre». Il y a de quoi: une scientifique du Centre national de recherche atmosphérique, Marika Holland, vient de publier une étude selon laquelle «des mois de septembre quasiment sans glace pourraient être atteints ces trente ou cinquante prochaines années» dans l'Océan Arctique. Le gouvernement a un an pour inscrire définitivement les ours et les défenseurs de l'environnement imaginent comme suite logique l’adoption de mesures limitant les émissions de gaz à effet de serre pour les protéger.

Il faudrait pour cela que la Maison Blanche reconnaisse enfin le lien entre ces émissions et le réchauffement climatique. Dirk Kempthorne s'y est refusé, prétextant que ce n'était pas du "ressort" de son administration. Il vient de franchir un pas: c'est la première fois que le gouvernement, sous la menace d'un procès de trois organisations environnementales, cite le réchauffement climatique comme un phénomène susceptible de menacer la survie d’une espèce. Mais rien ne dit qu'il agira en conséquence.

Posted by Laurent Mauriac on janvier 3, 2007 at 11:35 AM | Permalink | Commentaires (120) | TrackBack (0)

Quelques voeux pour 2007

2007 Que la majorité démocrate au Congrès ne soit pas DINO.

Que Stephen Colbert soit réinvité au dîner des correspondants de la Maison Blanche.

Que la finance se rapproche du monde réel.

Que Barney donne de meilleurs conseils à Bush sur la politique irakienne.

Que Bill O'Reilly continue de nous divertir sur Fox News.

Que les compagnies d'assurance cessent de refuser d'indemniser les victimes de Katrina dans le Mississippi sous prétexte que leurs maisons ont été détruites sous l'effet de l'eau et non du vent.

Que le sénateur républicain Gordon Smith prenne de l'importance.

Que Bush fasse passer sa réforme de l'immigration avec l'aide des démocrates.

Que la douzaine d'Etats qui poursuivent le gouvernement pour exiger une régulation des émissions de gaz à effet de serre aient gain de cause.

Avec un peu d'avance, je vous souhaite une très bonne année.

Posted by Laurent Mauriac on décembre 28, 2006 at 09:54 AM | Permalink | Commentaires (20) | TrackBack (0)

Hezbollah quoi?

Arab_world Jeff Stein est le spécialiste des questions de sécurité nationale au Congressional Quarterly, un éditeur de publications politiques auxquelles sont abonnés, entre autres, 95% des parlementaires américains. Il est en train de se rendre célèbre pour une activité qui peut sembler anecdotique, mais qui en dit peut-être long sur la politique américaine: terminer ses interviews avec des hommes politiques ou des responsables du FBI en leur demandant quelle est la différence entre les Sunnites et les Shiites ou ce qu'est le Hezbollah.

Le dernier à se faire piéger est Silvestre Reyes, le futur président du Comité sur le renseignement de la Chambre des représentants. Al Qaeda est sunnite ou chiite? lui demande Jeff Stein. "Les deux", répond le congressman. Avant de préciser: "Surtout, probablement, chiite." Pas de chance, "il ne pouvait se tromper davantage", commente le journaliste. Une question plus facile alors: qu'est-ce que le Hezbollah? Réponse "Uh, Hezbollah... Pourquoi me posez-vous de telles questions à 17 heures? Puis-je répondre en espagnol?" En octobre, dans le New York Times, Jeff Stein racontait une autre entrevue avec Willie Hulon, le responsable du FBI chargé du contre-espionnage. L'Iran et le Hezbollah, sunnites ou chiites? Sa réponse: sunnite (faux). Et Al Qaeda? Sunnite (exact).

Jeff Stein rappelle les interrogations de Trent Lott, sénateur républicain du Mississippi, en septembre, après avoir rencontré Bush: "Pourquoi les Sunnites tuent les Chiites? Comment font-ils la différence? Pour moi, ils se ressemblent tous." Le journaliste soulève plusieurs questions de bon sens. "Comment le Comité sur le renseignement peut-il superviser efficacement les agences de renseignement des Etats-Unis si ses leaders ne connaissent pas les bases (...)?" Il conclut que le désintérêt du pouvoir politique pour le monde arabe influe nécessairement sur la pertinence des décisions qui sont prises.

Ajout 22/12: parution ce matin d'un article sur le sujet complétant ce qui précède avec des explications de Jeff Stein.

Posted by Laurent Mauriac on décembre 20, 2006 at 11:31 PM | Permalink | Commentaires (43) | TrackBack (1)

Barney prend le contrôle

Les lecteurs de ce blog connaissent Barney, l'un des plus fidèles soutiens de George Bush dans la guerre en Irak (et peut-être bientôt l'un des deux derniers). Ce compagnon du président accroît son influence à la Maison Blanche, comme en témoigne la dernière édition du petit film annuel qui lui est consacré. Qui, en effet, est capable de réunir dans une même vidéo le président, son discret conseiller Karl Rove, le secrétaire au Trésor Henry Paulson, le directeur du Budget Rob Portman et l'horticulteur de la Maison Blanche Dale Haney? Sans compter Tony Snow, le porte-parole de Bush qui le salue d'un "Barney, good to see you, man!" Le Daily Show, l'émission comique de Jon Stewart, a diffusé vendredi sa propre version du film (ci-dessus) où Barney fait état de ses réflexions et apparaît en stratège de la guerre en Irak. Le présentateur suggère que le fox-terrier, utilisé pour humaniser Bush, pourrait en fait accentuer son isolement. Attendons de voir ce que Miss Beazley, beaucoup plus discrète depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2005, a à dire de la situation.

Posted by Laurent Mauriac on décembre 18, 2006 at 08:37 AM | Permalink | Commentaires (18) | TrackBack (0)